Miels de terroir : Rucher de l’Alpe
Miels de terroir est une série de reportages mettant en lumière la qualité, la diversité et l’authenticité des miels de nos apiculteurs français.
Comment cela fonctionne ?
– Parmi les plus fidèles apiculteurs de la Plateforme du Miel, je choisis des apiculteurs « coup de cœur » qui produisent des miels uniques.
– L’apiculteur m’envoie sa gamme de produits.
– Nous passons du temps au téléphone pour qu’il me présente en détail son activité et ses miels.
– A la réception du colis, j’effectue la dégustation.
Puis je présente l’apiculteur et ses produits sous le format d’un article, publié sur le blog de la Plateforme du Miel.
Pouquoi les Miels de terroir ?
La mission est simple : vous faire découvrir des miels et des apiculteurs d’exception.
Rucher de l’Alpe
C’est le troisième numéro de Miels de Terroir.
Après avoir découvert des miels de Provence et du Cantal, nous prenons la direction des Alpes, et plus précisément, du massif de la Chartreuse.
Portant bien son nom, le Rucher de l’Alpe nous rapproche au plus près des montagnes. Il y a sept miels à découvrir, qui sont tous produits en altitude, dans un environnement préservé.
C’est une dégustation riche en saveurs qui nous attend. C’est parti !
Qui se cache derrière le Rucher de l’Alpe ?
Derrière le Rucher de l’Alpe, il y a Guillaume, qui gère seul son activité apicole. L’année 2023 fut sa première saison en tant qu’apiculteur professionnel. Il est basé sur la commune de Sainte Marie du Mont, dans le 38, en Isère. Comme il aime le dire, c’est un apiculteur de Chartreuse. La Chartreuse est un massif montagneux des Préalpes, situé entre l’Isère et la Savoie. Le point le plus haut culmine à plus de 2000 mètres d’altitude.
Après avoir créé et géré sa propre entreprise pendant plusieurs années, Guillaume a décidé de revenir à ses premiers amours, les abeilles. Depuis son enfance, son cercle familial a toujours eu des ruches. Il semblerait que son arrière-grand-père, son grand-père et son père lui aient transmis le virus apicole.
Pendant plusieurs années, Guillaume gérait une dizaine de ruches, jusqu’au jour où il a sauté le pas. Au fond de lui, il sentait l’appel du métier d’apiculteur. Il s’est alors formé en autodidacte. Il a fait le choix de ne pas suivre la voie classique, qui est de passer par un diplôme professionnalisant. Grâce à sa motivation, sa curiosité, des mentors, et ses expériences apicoles, il a réussi à se lancer. En tant qu’autodidacte, notons que c’est à lui de gérer ses investissements. Il n’y a pas de subvention ou de prêt alloué par la banque. Tout le mérite lui revient !
L’apiculture du Rucher de l’Alpe
Guillaume a une vision, que je qualifierai de très simple, de l’apiculture.
Il privilégie la santé de l’abeille et il préfère produire de la qualité à la quantité.
Pour un apiculteur professionnel, il a fait le choix de limiter son nombre de ruches.
Il alloue beaucoup de temps au suivi de ses ruches, c’est-à-dire qu’il contrôle régulièrement l’état de santé et l’évolution de ses colonies. Il ne donne pas de sucre à ses colonies pendant la saison. Il préfère déplacer ses ruches pour les amener dans des endroits mellifères afin qu’elles puissent refaire des réserves de miel, pour elles. Peu d’apiculteurs ont cette approche. Guillaume donne la priorité aux réserves de ses colonies, au lieu de produire du miel.
Avec cette vision des choses, ses abeilles sont en excellente santé et lui rendent la pareille, grâce à de belles rentrées de nectar pour la production de miel.
Les ruches de Guillaume sont situées en altitude.
Avec une flore sauvage, riche, et préservée, il arrive à produire plusieurs miels pendant la saison.
Pour assouvir un de ses rêves d’enfance, il réalise une transhumance sur la lavande, dans le Diois. Il emmène plusieurs de ses ruches à 3h de chez lui, où il laisse pendant 3 à 4 semaines ses colonies auprès de champs de lavande fine et de lavandin, en agriculture biologique.
Vous allez le voir, ses miels nous transportent au gré des saisons. Il y a un fil conducteur à ses miels. C’est une belle escapade montagnarde qui nous attend.
Place à la dégustation.
Miel de fleurs de printemps
C’est le premier miel de la saison. Généralement, il est récolté courant avril.
Le miel est produit entre 800 et 1200 mètres d’altitude.
D’habitude, c’est un miel très floral et très clair. Cette année, les choses sont différentes. Les abeilles ont butiné du Cornouiller Sanguin, ce qui donne au miel cette couleur rouge foncée.
Son odeur est mi boisée, mi florale. Elle est assez marquée et fait penser à des odeurs de forêt et de résineux. L’odeur n’est pas des plus douces et agréables mais elle annonce un miel de caractère et naturel.
Visuellement, c’est un miel qui est beau. Il est homogène et sans imperfection.
Sa texture est très agréable. Elle se caractérise comme coulante, voire semi épaisse. En bouche, le miel se dissipe au palais, ce qui est plaisant.
En terme de goût, c’est un miel long en bouche. Il est fruité avec des notes de framboise et de pommes. Il a une légère pointe d’amertume en deuxième partie de dégustation.
C’est un miel subtil, avec une belle texture, et des saveurs fruitées.
Si vous recherchez un miel de printemps de caractère, il est fait pour vous.
Miel de forêt du Rucher de l’Alpe
Ce miel de forêt est produit dans le même environnement que le miel de fleurs de printemps.
Pour Guillaume, ce miel est une véritable surprise. Il ne pensait pas en produire. Il a fait très humide, ce qui a permis aux abeilles de rentrer du miellat de chêne et/ou d’érable.
Visuellement et gustativement, c’est un miel vraiment unique.
D’un noir assez sombre, ce miel est limpide et transmet un aspect gourmand.
A l’ouverture, une odeur totalement atypique se dégage. Ces effluves font penser à l’intérieur d’une grange ou d’une cave à vin. C’est un mélange d’odeurs boisées, de renfermé, et de terre. C’est tellement unique que l’on a envie de sentir ce miel à plusieurs reprises.
Concernant sa texture, elle est à la fois visqueuse et crémeuse. Elle sort de l’ordinaire. En bouche, le miel est onctueux. Il a de belles rondeurs, avec un corps épais.
Le goût de ce miel est totalement unique. Il a des notes de caramel, de réglisse et de cacao. Il est profond avec un peu d’amertume sur la fin de la dégustation.
C’est un miel original, atypique, avec du caractère, sans pour autant être agressif en bouche.
Une véritable surprise !
Miel de montagne
Ce miel est produit dans le même environnement que les deux miels précédents. Les ruches n’ont pas bougé, ce qui montre la très belle diversité florale des zones de montagne.
Il est récolté en mai.
Ce miel fait écho à la nature et au milieu sauvage. Nous pouvons également déceler des odeurs d’étable et de grange de montagne. On a l’impression d’être en transhumance … de miel.
Sa texture se situe entre l’état liquide et visqueux. Le miel englobe légèrement le palais, ce qui est fort appréciable.
Sa longueur en bouche a un très bon équilibre. Il laisse assez de temps pour apprécier ses saveurs et ne laisse pas un goût trop prononcé.. Il y a une belle harmonie de saveurs et de douceur. Ces arômes sont fruités suivi de notes de cacao torréfié.
Un très bon miel, doux et avec une belle personnalité.
Il a été médaillé au concours fermier de la région Aura.
Miel de tilleul
Toujours sans bouger ses ruches, les abeilles de Guillaume produisent du miel de tilleul.
C’est un miel qui reste plutôt difficile à produire. La floraison est rapide et les conditions météorologiques doivent être réunies pour effectuer une bonne récolte.
Pour ce miel, l’enchaînement de 4 jours de beau temps aura permis de produire ce miel typé, et parfumé.
Ce miel de tilleul est très beau. Il est d’une couleur ambrée claire, quasiment translucide. Avec une cristallisation fine, il va garder sa texture liquide et filante.
Ses odeurs restent assez discrètes. Bien entendu, l’odeur de tilleul est présente mais elles sont plutôt légères. Son goût est marqué mais subtil. Il y a des notes mentholées qui arrivent rapidement, puis il s’y dégage des arômes de caramel et de réglisse. C’est un miel de caractère, doux et équilibré. Il n’y a pas d’acidité présente. Une petite pointe d’amertume apparaît en deuxième partie de dégustation.
Avec ses odeurs printanières et son bel équilibre, ce miel de tilleul est une très belle réussite.
Miel de tilleul/châtaignier
Nous prenons la direction de la Savoie, à 40 minutes de chez Guillaume.
Pendant 3 semaines, plusieurs ruches ont découvert un nouvel environnement, très sauvage, avec du tilleul et du châtaignier, situé entre 400 et 1200m d’altitude.
Ce miel se compose d’environ 75% de châtaignier et 25% de tilleul.
Sa couleur ambrée, très légèrement plus foncée que le tilleul, montre bien la présence de châtaignier. Le miel est clair et limpide. Il a une légère viscosité.
A l’ouverture du pot, nous pouvons ressentir cette odeur boisée, associée à des notes de végétaux séchés. Le parfum reste plutôt discret, tout en dégageant un caractère rustique.
C’est une association de saveurs qui se déploie en bouche. Nous avons des notes de foin, de menthe, et de fruits. Le châtaignier atténue le côté floral du tilleul. C’est un miel relativement doux mais qui a quand même son trait de caractère sauvage et rustique. Il est rond, épais, profond et transmet un côté très masculin. Il n’est pas subtil.
C’est un miel plus classique mais il reste unique car il s’y dégage quelque chose de très masculin.
Miel de lavande
Ce miel de lavande est produit dans le Diois, à 800 mètres d’altitude.
Pour produire ce miel de lavande, les abeilles ont évolué dans un environnement préservé. Elles avaient à disposition 9ha de culture de lavande, en agriculture biologique. Après 4 semaines de récolte, Guillaume est rentré avec un miel d’une grande richesse.
En regardant ce miel, nous n’avons qu’une envie, que l’été soit là. Sa couleur ambrée dorée, qui réfléchit à la lumière est magnifique.
En humant ce miel, nous sommes transportés dans le sud de la France, avec ces odeurs parfumées, douces, florales, et sucrées. Son odeur est vraiment délicate.
Gustativement, c’est un miel doux, harmonieux, et savoureux. Il est à la fois floral et fruité.
Cette dégustation fait ressortir un côté joyeux et enfantin. Ce miel rappelle les bonbons d’enfance parfumés. Il est gourmand mais à la fois subtil, avec un vrai goût de lavande. Un régal !
Le miel de fleurs d’été
Nous finissons cette dégustation par le dernier miel de la saison : le miel de fleurs d’été, de montagne. Nous pourrions aussi appeler ce miel : miel de haute montagne puisqu’il est récolté entre 1400 et 1800 mètres d’altitude.
Les abeilles évoluent dans un environnement totalement préservé, dans les alpages, entourées de vaches, de moutons et de fleurs sauvages. A cette altitude, il n’y a aucune culture, et aucun pesticide utilisé.
Ce miel réfléchit à la lumière et met en avant sa belle robe ambré cognac. Sa texture est visqueuse et englobe bien la bouche. Il se dissipe de manière homogène.
L’odeur qui s’y dégage n’est pas représentative du goût. Le miel renferme des saveurs fruitées et mentholées. Il apporte une légère amertume et une petite pointe piquante. Le goût du miel est assez marqué.
Contrairement à un miel de fleurs plus classique, hors zone de montagne, il n’est pas des plus sucrés. Il est plutôt âpre.
La sélection de la Plateforme du Miel
Parmi ces 7 miels, il y en a un qui est réellement atypique, et à tout point de vue. Son odeur est unique, sa texture est addictive, et ses nuances de saveurs sont somptueuses.
Il est à la fois doux, sans être trop sucré, avec une bonne longueur bouche et une petite pointe d’amertume. Il est parfaitement bien équilibré.
Il s’agit du Miel de Forêt.
Je souhaite lui attribuer la Médaille d’Or.
Vous pourrez retrouver ce miel dans la sélection de la Plateforme du Miel.
Les miels du Rucher de l’Alpe
C’est toujours un moment privilégié de déguster des miels de si grande qualité.
Il y a plusieurs choses qui se dégagent de cette dégustation.
Tout d’abord, nous pouvons ressentir la passion de Guillaume pour son métier. Ses miels racontent une histoire et proposent une balade gustative riche en goût. Parfois, l’odeur de certains miels n’est pas à la même hauteur que le goût. J’y vois un côté positif. Cela montre le côté naturel de la production.
Dans chacun de ces miels, on sent que les abeilles butinent dans des environnements de montagne préservés, avec une grande diversité florale.
Chaque miel de Guillaume a sa personnalité. Il y a de la douceur, de la gourmandise, de la subtilité, mais aussi de l’intensité, de la puissance, et de la complexité.
Pour de l’authenticité, du dépaysement, et du goût, je vous conseille vivement de déguster ces miels. Ils sont vraiment uniques. Best of Gastronomie a même récompensé toute la gamme de miels de Guillaume par une médaille d’or. Cela veut tout dire !
Mon voyage dans les Alpes se termine. J’en ressors avec les papilles conquises, enchantées, et qui ne souhaitent qu’une chose, reprendre le voyage pour découvrir de nouvelles pépites.
A très vite,
Sophie
Plus d’information sur le Rucher de l’Alpe :
Vous pouvez retrouver Guillaume sur la Plateforme du Miel et via son site internet.
Rédigé par Sophie
Sophie est la fondatrice de la Plateforme du Miel. Apicultrice amateur et consultante en informatique, elle gère en toute indépendance la Plateforme du Miel. L’objectif est simple : faire découvrir et valoriser les délicieux miels de nos apiculteurs français. En savoir plus sur La Plateforme du Miel.